When Black is Burned / Vues d'expositions
Galeria Carlos Carvalho, Dec. 2022 - Feb. 2023
Galeria Carlos Carvalho, Lisbon, Dec. 2022 - Feb. 2023
Galeria Carlos Carvalho, Lisbon, Dec. 2022 - Feb. 2023
Galeria Carlos Carvalho, Dec. 2022 - Feb. 2023
Galeria Carlos Carvalho, Dec. 2022 - Feb. 2023
Galerie Porte B, solo show, mars 2024
Galerie Porte B, solo show, mars 2024
Galerie Porte B, solo show, mars 2024
Galerie Porte B, solo show, mars 2024
Galerie Porte B, solo show, mars 2024
Galerie Porte B, solo show, mars 2024
Galerie Porte B, solo show, mars 2024
Galerie Porte B, solo show, mars 2024
Galerie Porte B, solo show, mars 2024
Casa Galeri, Istanbul, 2021
Casa Galeri, Istanbul, 2021
Casa Galeri, Istanbul, 2021
Casa Galeri, Istanbul, 2021
Casa Galeri, Istanbul, 2021
Casa Galeri, Istanbul, 2021
Casa Galeri, Istanbul, 2021
Casa Galeri, Istanbul, 2021
Casa Galeri, Istanbul, 2021
Casa Galeri, Istanbul, 2021
Festival La Nuu, Barcelona, september 2023
Photo London Fair, Galeria Carlos Carvhalo Arte, 2021
When Black is Burned
When Black is Burned
2021
The sky is blue and so is the sea...
A ceux qui en douteraient, Marguerite Bornhauser est une sorte de synesthète qui traduit dans ses images l’intensité de sa perception sensible du monde réel, dans ses moments en suspension et dans la fugacité de ses apparitions. Elle bâti ainsi, depuis plusieurs années, un univers photographique et poétique qui puise dans la puissance expressive et émotionnelle de la couleur. Celle-ci est devenu un langage plastique à part entière, loin de tout projet documentaire ou de toute rectitude descriptive.
Dans le sillage d’artistes qui, à partir des années 1970, ont sorti la photographie couleur de son stricte registre commercial ou vernaculaire, elle confirme par sa démarche le tournant décrit par Michel Frizot : “l’arrivée de la couleur en photographie montre bien que le mimétisme photographique n’est qu’illusion et qu’il est dénué de toute automaticité. Trop connoté par le vérisme du noir et blanc, la photographie prend paradoxalement, dans l’adjonction des couleurs, ses distances avec le réel, qu’elle ne peut circonscrire avec une exactitude scientifique.”
De Plastic Colors (2017) à Red Harvest (2019), inspiré de l’univers noir de Dashiell Hammet, chacune de ses séries est l’occasion d’expérimenter et de pousser les limites des procédés photographiques couleur jusqu’à la saturation, qu’ils soient purement argentiques ou les produits de manipulations numériques ; que l’artiste baigne ses tirages dans l’eau ou leur donne une forme plus sculpturale, comme dans ses plus récents travaux.
Dans When black is burned, dont le titre est tiré des paroles du chanteur folk Neil Young, Marguerite Bornhauser confirme plus que jamais la dimension picturale de ses images. L’artiste concède ainsi regarder plus du côté de Matisse et de la peinture abstraite pour construire ce que l’on pourrait désigner comme des tableaux photogéniques. Radicalisant le travail sur les ombres initié dans Red Harvest, elle travaille la densité chromatique de ses images en assumant les contrastes, les aplats de noirs qui prennent la subtile texture de l’encre. En néo-pictorialiste, elle semble faire sien du rêve des premiers praticiens de la photographie couleur au 19ème siècle : “ forcer le soleil à peindre avec des couleurs toutes faites qu’on lui présente”, comme le proposait l’inventeur Louis Ducos du Hauron.Loin des balbutiements de la photographie des premiers temps, Marguerite Bornhauser reste néanmoins maîtresse de sa palette, de bout en bout.
Sa démarche sensible et picturale la rapproche en réalité des grands photographes coloristes contemporains, notamment de Saul Leiter, un autre passionné de peinture, et en particulier de celle des Nabis, ainsi que d’estampes japonaises. Marguerite Borhnauser partage avec Leiter une savante maîtrise des points de vue - gros plans, décadrages audacieux, effets de filtre – qui révèlent la part d’énigme et d’ambiguïté des instants de réel, captés et transfigurés par la manipulation photographique. Entre mélancolie et pesanteur solaire, les visions de Marguerite Bornhauser nous invitent dès lors à une expérience poétique, intuitive et méditative de notre perception du quotidien, aujourd’hui plus que jamais nécessaire.
Damarice Amao, Attachée de conservation au Cabinet de la photographie du Centre Pompidou à Paris et historienne de l'art, Juin 2023